Shenzhen tire la sonnette d’alarme sur les escroqueries aux stablecoins

Shenzhen tire la sonnette d’alarme sur les escroqueries aux stablecoins

La ville chinoise intensifie sa lutte contre les fraudes crypto. Dans une alerte publiée le 7 juillet 2025, l’équipe anti-blanchiment de Shenzhen prévient que les stablecoins servent désormais de paravent à des collectes illégales de fonds auprès d’épargnants peu méfiants.

D’abord, adossés à une monnaie fiat, les stablecoins promettent une valeur quasi fixe. USDT représente plus de 69 % du marché, soit environ 116 milliards $ selon CoinMarketCap.

Toutefois, des groupes sans licence lancent des pseudo-tokens libellés en yuan numérique ou en dollar. Ils promettent des rendements mensuels à deux chiffres tout en revendiquant, sans preuve, d’impossibles garanties.

En effet, la task-force de Shenzhen observe une hausse de 50 % des fraudes liées aux stablecoins depuis janvier. Les projets ciblent WeChat et Douyin, puis transfèrent les dépôts vers des portefeuilles offshore impossibles à bloquer.

Par ailleurs, les escrocs imitent les contrats intelligents d’exchanges réputés et diffusent de fausses attestations. Cette sophistication rend le tri difficile entre un actif solide et une promesse vide, surtout pour un public encore novice.

De plus, l’expansion mondiale des stablecoins légitimes, portée par Shopify ou Stripe, brouille les pistes. Les fraudeurs jouent la carte du « placement early adopter » pour légitimer leurs offres douteuses.

Concrètement, le Bureau municipal des finances collabore avec la police économique pour suivre les flux on-chain. Des algorithmes déclenchent un gel préventif dès qu’un schéma de Ponzi apparaît sur plusieurs adresses convergentes.

En parallèle, Shenzhen relance sa hotline de dénonciation. Quiconque fournit une preuve menant à la saisie d’au moins 1 million ¥ recevra jusqu’à 10 % de la somme récupérée, transformant ainsi les victimes potentielles en vigiles actifs.

Toutefois, Pékin maintient l’interdiction totale du trading crypto. Les régulateurs admettent donc un paradoxe : ils ne peuvent légaliser les stablecoins étrangers sans contredire la politique monétaire, mais ils doivent protéger les citoyens tentés par ces services officieux.

La situation contraste avec l’Europe où, comme nous l’expliquions dans notre analyse sur la domination du dollar, les législateurs misent sur MiCA pour encadrer le marché plutôt que le bannir.

The Shenzhen government of China warned that stablecoins have received widespread attention recently. Some illegal institutions have illegally absorbed funds by using concepts such as "stablecoins" and "digital assets", and are suspected of illegal fundraising, fraud, money…

— Wu Blockchain (@WuBlockchain) July 7, 2025

D’abord, vérifiez l’existence d’une licence ou d’un audit indépendant. Un émetteur sérieux publie ses réserves chaque mois, voire chaque semaine, via un cabinet reconnu — pas un simple QR code sur Telegram.

Ensuite, n’envoyez jamais de capital vers une adresse contrôlée par une seule personne. Les portefeuilles multi-signatures ou la garde auprès d’une société régulée réduisent considérablement le risque de disparition des fonds.

Enfin, diversifiez. Placer toute votre trésorerie dans un seul actif, fût-il « stable », demeure dangereux. Les autorités rappellent que toute promesse de rendement garanti dépasse mécaniquement le risque de change qu’un stablecoin prétend supprimer.

Si une offre semble trop belle, servez-vous des bases d’adresses vérolées maintenues par SlowMist pour vérifier les portefeuilles associés à des pyramides ou à des casinos clandestins.

En définitive, choisir un stablecoin revient à sélectionner un prestataire bancaire masqué. Demandez-vous toujours quelle juridiction surveille les réserves et si un tribunal pourra contraindre l’émetteur à rembourser ; cette simple question élimine la majorité des propositions douteuses.

Sources

Auteur : Baptiste Leclercq

Date de publication : 07 July 2025

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