Justice américaine : les fondateurs de Samourai Wallet plaident coupables

Justice américaine : les fondateurs de Samourai Wallet plaident coupables

Le verdict est tombé. Après plusieurs mois sous le feu des accusations, les deux hommes à l’origine de Samourai Wallet reconnaissent leur culpabilité. Derrière ce revirement, une pression judiciaire intense, mais aussi un signal clair : aux États-Unis, les outils de confidentialité crypto sont plus surveillés que jamais.

Keonne Rodriguez et William Lonergan Hill ont fini par plier. Le 29 juillet, les cofondateurs de Samourai Wallet ont accepté de plaider coupables pour avoir exploité un service de mixing illégal.

Ils sont poursuivis pour blanchiment d’argent et pour avoir transmis des fonds sans agrément. Cela pourrait leur valoir jusqu’à 25 ans de prison.

D’après le Département de la Justice, l’application, lancée en 2015, aurait facilité plus de 2 milliards de dollars de transactions suspectes. Au cœur du système, deux fonctions : Whirlpool, pour mélanger les fonds, et Ricochet, pour complexifier la traçabilité.

Rodriguez, arrêté aux États-Unis en avril 2024, a vu son associé extradé peu après. Dès leur mise en examen, les autorités ont dénoncé un outil conçu, non pas pour l’usage quotidien des utilisateurs, mais pour échapper à la loi.

Longtemps, Samourai Wallet s’est présenté comme un rempart contre la surveillance. Mais pour les régulateurs américains, l’outil allait bien plus loin qu’une simple protection des données personnelles.

En facilitant l’anonymisation des transactions, le portefeuille aurait, selon eux, servi à blanchir l’argent du dark web. Il concerne en particulier celui issu du trafic de drogues et des attaques informatiques.

Les enquêteurs ont relevé que les deux fondateurs étaient conscients des dérives. Pourtant, au lieu de freiner, ils auraient continué à perfectionner leur solution. Un comportement perçu comme délibéré, voire complice.

L’affaire rappelle celle de Tornado Cash, dont les développeurs avaient aussi été visés. Depuis, une ligne semble se dessiner. Les autorités ne tolèrent plus les outils qui protègent trop bien, surtout s’ils deviennent des refuges pour les fonds illégaux.

La reconnaissance de culpabilité pourrait ouvrir la voie à d’autres poursuites similaires. Les développeurs d’outils open-source anonymes se retrouvent dans une zone de plus en plus floue.

Les intentions ne suffisent plus. Ce qui compte désormais, c’est l’usage réel de l’outil et la manière dont ses créateurs l’encadrent.

En acceptant leur sort, Rodriguez et Hill pourraient espérer une peine réduite. Mais leur décision marque surtout un tournant pour la DeFi. Derrière leur condamnation, c’est toute une philosophie crypto axée sur la confidentialité qui vacille.

La communauté reste partagée. D’un côté, certains appellent à plus de responsabilité. De l’autre, beaucoup dénoncent une atteinte aux libertés individuelles. Une tension que les prochains procès pourraient exacerber.

Avec Samourai Wallet, la justice américaine frappe fort. Elle obtient non seulement un aveu, mais elle trace aussi une limite. Développer un outil crypto ne protège plus si cet outil facilite des délits. Pour les acteurs de la DeFi, c’est un signal d’alerte. Pour les défenseurs de la vie privée, c’est un coup dur. Reste à savoir si ce précédent isolé deviendra la norme à venir.

Sources : Cointelegraph

Auteur : Annabelle Descamps

Date de publication : 30 July 2025

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