
DeFi : le Trésor américain lance une consultation publique pour introduire l’identité numérique
DeFi : le Trésor américain lance une consultation publique pour introduire l’identité numérique
Le Trésor américain ouvre un chantier sensible : comment donner une identité claire aux utilisateurs de la finance décentralisée, sans dénaturer son esprit de liberté ? À cet effet, une consultation publique vient d’être lancée. Elle durera jusqu’au 17 octobre 2025 et doit déboucher sur un rapport au Congrès.
Ces dernières années, la DeFi est devenue le terrain de jeu d’une finance sans intermédiaires, où chacun est libre d’emprunter, de prêter ou d’investir directement via la blockchain. Un marché estimé à plus de 50 milliards de dollars d’actifs, selon DefiLlama.
Mais ce monde flamboyant a ses zones d’ombre. L’anonymat attire autant les pionniers convaincus que les fraudeurs aguerris. Piratages, arnaques et blanchiment d’argent ternissent l’image d’un secteur qui peine à convaincre les régulateurs. Pour Washington, le problème est clair. Sans cadre, la DeFi restera un Far West.
C’est ici que l’idée d’une identité numérique entre en scène. Le Trésor veut poser la question : peut-on prouver qui l’on est, sans livrer toute sa vie privée ? Et surtout, peut-on le faire sans tuer l’ADN décentralisé de la finance blockchain ?
De toute évidence, ce n’est pas qu’une affaire américaine. L’Europe travaille déjà sur son portefeuille d’identité numérique, dans le cadre du règlement eIDAS 2.0. L’objectif est d’unifier et sécuriser l’authentification en ligne. En Afrique, la Banque mondiale pousse au développement d’identités numériques en vue de renforcer l’inclusion financière.
L’approche américaine est donc observée à la loupe. Si Washington trouve un modèle équilibré, il pourrait devenir une référence mondiale. Car la DeFi n’a pas de frontières : un protocole utilisé à New York l’est aussi à Lagos, Paris ou Singapour.
Cependant, par-dessus tout, une bataille d’influence se joue : qui fixera les standards de demain ? Les régulateurs ? Les géants de la tech ? Ou une alliance improbable entre États et développeurs de blockchain ?
La consultation publique pose les vraies questions : faut-il privilégier la traçabilité pour lutter contre le crime financier ou protéger coûte que coûte la confidentialité des utilisateurs ? Comment bâtir un système technique qui soit interopérable entre tous les protocoles ? Et surtout, qui aura la main sur ces données sensibles ?
Les débats sont houleux. Les défenseurs d’une DeFi “pure” redoutent que l’identité numérique ne transforme un espace libre en terrain de surveillance. Les partisans de la régulation, eux, rappellent que les scandales à répétition découragent les investisseurs traditionnels.
La vérité se situe sans doute entre les deux. Trop de contrôle, et la DeFi perdra son attractivité. Pas assez, et elle restera une niche fragile, minée par la fraude.
L’identité numérique n’est pas qu’une affaire technique. Elle est susceptible de devenir un outil de justice économique. Aux États-Unis, près de 5 % des adultes n’ont pas de compte bancaire, d’après la FDIC. Avec une identité numérique sécurisée, ces personnes pourraient accéder à des services décentralisés sans passer par les banques classiques.
En filigrane, c’est aussi la question de la souveraineté numérique qui émerge. Si les États ne prennent pas l’initiative, d’autres le feront à leur place. Les géants du Web3 ou les multinationales de la tech pourraient imposer leurs propres standards. Washington veut éviter ce scénario en posant les bases d’un modèle piloté, au moins en partie, par la puissance publique.
Le rapport attendu en décembre 2025 dira si cette ambition est tenable. Ce sera un signal fort, autant pour les acteurs de la DeFi que pour les régulateurs étrangers.
Source : Coincu
Auteur : ambrola
Date de publication : 18 August 2025