Crypto Polémique : À quoi sert le XRP en vérité ?
Crypto Polémique : À quoi sert le XRP en vérité ?
Ecrit parJean-Martial Lefranc
Mis à jour parCélia Simon
Douze ans après son lancement, le XRP reste l’un des tokens les plus échangés au monde… mais c’est surtout sur les plateformes de trading. Les cas d’usage « réels » existent — transferts transfrontaliers via Ripple (ex-ODL), DEX natif du XRP Ledger, quelques pilotes de tokenisation — mais ils pèsent peu face au déferlement de volumes spéculatifs. Et côté performance, l’année écoulée raconte une histoire moins glorieuse que les slogans : la hausse spectaculaire de la fin 2024–début 2025 s’est vite tassée et, pour l’immense majorité des acheteurs qui sont entrés « après le pump », détenir du XRP en 2025 n’a pratiquement rien rapporté.
Depuis 2012, l’argumentaire est simple : XRP sert de devise-pont pour régler des paiements internationaux en quelques secondes et pour des frais dérisoires. Ripple a effectivement industrialisé cette idée (le produit s’est appelé On-Demand Liquidity, puis « Ripple Payments »), convainquant des PSPs et acteurs régionaux — par exemple SBI Remit (Japon) ou Tranglo (Asie) — d’utiliser XRP pour « ponter » deux monnaies fiat sans pré-financement de comptes nostro. L’enjeu : dégeler du capital, accélérer les règlements, lisser les coûts.
Mais trois cailloux restent dans la chaussure :
La façon la plus honnête d’évaluer « à quoi sert XRP », c’est de comparer où passent réellement les volumes.
Conclusion intermédiaire : sur la donnée observable, le gros de la vie du XRP est du trading, pas de la trésorerie d’entreprise ni du règlement B2B massif. Le pont de liquidité existe, mais c’est un pont à voie unique, pas une autoroute.
Un trésorier préfère une jambe stable (USDC/USDT/banques) qu’un actif dont la valeur peut varier de plusieurs pourcents en quelques heures. D’où la popularité des stablecoins, y compris au sein de l’écosystème Ripple via RLUSD.
Même si la saga judiciaire américaine a clarifié une partie des débats — par ex. les ventes « programmatic » en bourse ne constituaient pas des offres de titres, tandis que certaines ventes institutionnelles de Ripple devaient respecter les règles — l’appétit « banque-tier-1 » pour détenir XRP au bilan reste limité. Les équipes conformité préfèrent réduire l’exposition prix.
Les rails non-volatils progressent : stablecoins multichaînes, RWA tokenisés libellés en dollars, initiatives de paiements instantanés côté réseaux cartes et banques. L’effet réseau est costaud : plus il y a de marchands/PSPs qui acceptent des dollars tokenisés, moins le besoin d’une devise-pont volatile se fait sentir.
« Mais les partenaires existent ! » — oui, et c’est précisément le sujet
Qu’on ne se trompe pas : il y a de vrais déploiements (SBI Remit pour des couloirs Japon → Asie, Tranglo, d’autres PSPs). Pour autant, l’ordre de grandeur publié reste modeste face au bruit de marché. Les agrégateurs suivis par les professionnels montrent des milliards de dollars par jour de volume CEX pour XRP, alors que l’ensemble de la DeFi XRPL pèse quelques millions par jour et < $200 M de stablecoins circulant sur XRPL (selon les jours). À l’échelle crypto, c’est petit.
De fait, même Ripple pousse un stablecoin maison (RLUSD) pour couvrir des cas d’usage où la volatilité est un problème — un aveu implicite que, dans beaucoup de scénarios de paiement, XRP n’est pas l’actif idéal.
Avant d’attaquer les plus-values, plantons des dates (votre fuseau est Europe/Paris, nous sommes le 13 septembre 2025 à la rédaction de cet article).
Maths simples : sur 12 mois glissants, le prix a été multiplié par ~5 (≈ +468 %). Oui, c’est vertigineux — mais tout dépend quand vous êtes entré. La quasi-totalité de la performance provient du rally entre novembre 2024 et janvier 2025. Puis le marché a latéralisé : un acheteur de janvier 2025 à ~3,0–3,2 $ n’a, à ce jour, quasiment rien gagné (voire est en léger négatif net de frais). Les coups partis font de beaux rétroviseurs ; la réalité 2025 pour un porteur « moyen » entré tard est plate.
Leçon investisseur : « Acheter l’histoire de l’utilité » n’a pas été, sur 2025, un catalyseur de performance durable. Le prix a surtout réagi à des triggers macro/réglementaires et à l’appétit de risque global crypto — pas à une explosion mesurable de volumes B2B réglés via XRP.
Pourquoi le trading phagocyte-t-il l’essentiel de l’activité ?
Remplacer SWIFT n’a jamais été réaliste à court terme. SWIFT n’est pas un système de règlement unique à « battre » avec un token plus rapide ; c’est une interopérabilité, un corpus normatif (ISO 20022), des accords de place. Même dans l’univers Ripple, le cas d’usage raisonnable de XRP demeure un pont de liquidité dans certains corridors et certains cas de funding — pas la substitution du réseau bancaire mondial.
Pour trancher la question « à quoi sert le XRP », il faut regarder où passent les dollars :
En vérité, le XRP sert — mais surtout à animer un marché. Comme actif de bridge pour certains corridors, il fonctionne ; comme argument de disruption totale des paiements mondiaux, il déçoit. Les chiffres publics montrent un écart abyssal entre volumes de trading et volumes d’usage. Et pour l’investisseur, l’année écoulée a rappelé une loi simple : si votre thèse d’investissement était “l’utilité va pousser le prix”, vous avez surtout capté un rally macro — puis rien. Tant que les rails stables (USDT/USDC/RLUSD) avancent plus vite que la demande d’un pont volatil, XRP restera utile… à la marge.
La morale de l’histoire: Les stablecoins étouffent le XRP à petit feu.
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Auteur : Jean-Martial Lefranc
Date de publication : 14 September 2025