Les USA et le Royaume-Uni s’orientent vers un cadre crypto commun

Les USA et le Royaume-Uni s’orientent vers un cadre crypto commun

En ce mois, Washington et Londres ont décidé de resserrer les rangs pour bâtir un cadre commun autour des actifs numériques. L’annonce est tombée à Londres, à l’issue d’une rencontre entre la chancelière britannique Rachel Reeves et le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent.

Leur perspective commune est d’harmoniser les règles et reprendre la main dans une compétition mondiale où l’Europe et l’Asie marquent déjà des points.

Les États-Unis et le Royaume-Uni savent qu’ils n’ont pas le luxe d’attendre. En effet, la finance numérique, dopée par les stablecoins et les innovations blockchain, est l’un des champs de bataille monétaires du XXIe siècle.

Alors, en mettant en avant la complémentarité de leurs places financières, les deux pays veulent imposer une architecture réglementaire qui protège, attire les capitaux et, surtout, assure la suprématie du dollar dans l’économie numérique.

Coinbase, Circle, Ripple, Citi, Bank of America, Barclays : les géants de la finance et de la crypto étaient d’ailleurs autour de la table. Tous plaident pour une régulation claire, sans quoi l’innovation pourrait filer ailleurs.

Outre-Manche, la pression est forte. Trente leaders du secteur crypto ont signé en août une lettre ouverte à Rachel Reeves, exigeant que le Royaume-Uni rattrape son retard.

Au cœur de la discussion, il y a la mise en place de bacs à sable réglementaires communs. L’idée est simple : offrir aux entreprises un terrain d’expérimentation sécurisé, supervisé des deux côtés de l’Atlantique. C’est en réalité une formule qui permettrait d’éviter les redondances, de faciliter les levées de fonds et d’accélérer les innovations.

Cette logique reprend une idée chère à Hester Peirce, commissaire à la SEC, qui milite depuis longtemps pour des modèles transnationaux.

Elle s’appuie en outre sur des précédents américains, comme le Crypto Sprint de la CFTC. Si ce projet se concrétise, il marquerait une étape vers une régulation coordonnée des flux financiers numériques à l’échelle mondiale.

Mais le vrai nerf de la guerre, ce sont les stablecoins. Les États-Unis veulent pousser leurs stablecoins dollars comme une arme d’influence monétaire.

En fait, l’équation est limpide. Si ces jetons adossés au billet vert deviennent l’étalon de la finance décentralisée, alors le dollar consolidera son rôle de monnaie de réserve mondiale dans le nouvel ordre numérique.

Le Royaume-Uni, lui, ne veut pas rester spectateur. L’ancien chancelier George Osborne, aujourd’hui conseiller de Coinbase, ne mâche pas ses mots : Londres « risque de rester à la traîne » si rien n’est fait.

Par ailleurs, les industriels insistent pour que la blockchain et la tokenisation soient incluses dans l’accord bilatéral « US-UK Tech Bridge ». Exclure la finance numérique de ce partenariat, préviennent-ils, reviendrait à écarter Londres du prochain grand cycle d’innovation financière.

La FCA britannique accélère déjà sur le terrain réglementaire. Une loi attendue pour 2026 obligera en effet les plateformes étrangères qui ciblent les clients britanniques à établir une présence physique au Royaume-Uni. Voilà un signe qui montre que Londres veut reprendre la main.

Cependant, côté américain, la dynamique est encore plus affirmée. Aujourd’hui, après le GENIUS Act adopté en juillet 2025, la SEC et la CFTC travaillent de concert au sein d’une Crypto Task Force.

Certes, le rapprochement entre les deux pays ne règle pas tout. En revanche, il marque un tournant. Les États-Unis et le Royaume-Uni entendent poser les fondations d’un futur marché global plus lisible, plus stable et plus attractif pour les capitaux institutionnels.

Auteur : Annabelle Descamps

Date de publication : 17 September 2025

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