Le Salvador affiche fièrement les bénéfices de sa réserve Bitcoin

Le Salvador affiche fièrement les bénéfices de sa réserve Bitcoin

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Lorsque le Salvador a décidé de faire du Bitcoin une monnaie officielle en 2021, tout le monde les regardait comme des joueurs de poker qui misent la maison sur un coup de bluff. Mais aujourd’hui, avec plus de 357 millions de dollars de profits non réalisés, les choses ont réellement changé.

Alors que le Bitcoin s’accroche à ses plus hauts historiques, il est temps de plonger dans ce coup de poker qui ressemble, pour l’instant, à un jackpot.

Le gouvernement salvadorien a misé 287 millions de dollars sur le Bitcoin et se retrouve maintenant avec un portefeuille valorisé à plus de 644 millions. Cela correspond à une plus-value latente de 124,4 % sans qu’aucune revente n’ait encore été actée.

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— Nayib Bukele (@nayibbukele) May 19, 2025

Ce portefeuille est constitué de 6 181 BTC, acquis à une valeur moyenne d’environ 46 421 $ par unité, alors que le Bitcoin évolue actuellement autour de 103 643 $, en progression de plus de 50 % sur les six derniers mois.

Cette envolée s’explique par la réduction de l’offre liée au dernier halving et par un climat économique un peu plus serein depuis l’apaisement des tensions entre les États-Unis et la Chine.

Ajoutons à ça la frénésie autour des ETF Bitcoin Spot et l’intérêt des investisseurs institutionnels, et on comprend pourquoi les prix montent. Mais malgré ces chiffres impressionnants, ces gains restent théoriques tant qu’aucune vente n’a lieu.

Depuis le lancement de cette stratégie monétaire non conventionnelle, Nayib Bukele maintient fermement le cap, malgré les avertissements répétés du FMI et des institutions financières internationales.

Bien qu’il ait récemment conclu un accord avec le FMI, conditionnant un plan de financement de 3,5 milliards de dollars à la limitation des activités liées au Bitcoin, il n’a pas freiné la politique d’accumulation du gouvernement.

En effet, le Salvador a simplement ajusté son cadre légal en janvier pour rendre l’acceptation du Bitcoin facultative dans le secteur privé, tout en poursuivant ses achats au niveau étatique.

Ce positionnement s’inscrit dans une logique de souveraineté économique revendiquée, où le Bitcoin n’est pas un simple actif spéculatif, mais comme un levier stratégique pour contourner la dépendance aux institutions de Bretton Woods.

Et il ne se contente pas d’agir dans l’ombre : Bukele publie régulièrement les chiffres du portefeuille national sur son compte personnel X, cultivant l’image d’un pays moderne et maître de ses choix économiques.

Cette stratégie de communication joue à fond la carte de la transparence, tout en envoyant un message clair à ceux qui pensaient pouvoir dicter leur loi.

Tant que le marché est euphorique, le calcul semble parfait. Mais le Bitcoin reste l’un des actifs les plus volatils du marché, capable de perdre des dizaines de pourcents en quelques jours. En concentrant une partie de ses réserves dans cette seule classe d’actifs, le Salvador s’expose directement à ces variations.

Par ailleurs, si le Bitcoin venait à subir une correction de 30 à 40 %, scénario fréquent dans son historique, la valorisation du portefeuille pourrait repasser en zone de pertes latentes. Le pays serait alors exposé à un risque de crédibilité financière et à une tension accrue sur ses capacités de financement extérieur.

Pour l’instant, tout fonctionne parce que le marché est haussier, mais la question n’est pas de savoir si une correction arrivera, mais quand et avec quelles conséquences.

Le Salvador est en train de tester en grandeur réelle ce que beaucoup n’osaient même pas envisager : utiliser le Bitcoin comme une réserve de valeur nationale.

Avec l’arrivée des ETF et l’intérêt massif des institutions, le contexte est plus favorable qu’il ne l’a jamais été.

Mais ce choix reste extrêmement risqué et difficilement applicable à d’autres économies. Si le Bitcoin continue sa trajectoire ascendante, Bukele passera pour un visionnaire ; si la bulle éclate, il deviendra l’exemple type des dérives d’une gestion publique trop exposée aux marchés spéculatifs. Pour l’instant, c’est le marché qui écrit la suite de cette histoire.

Auteur : Emmanuel Mounier

Date de publication : 19 May 2025

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